BrasseursProducteurs

LES DEUX AMANTS đŸș🍃

By 22 février 2023 No Comments

... HEUREUSEMENT IL NOUS RESTE LA BIÈRE

La brasserie est situĂ©e Ă  Val-de-Reuil, en Normandie, au domaine des Hauts PrĂ©s, un pĂŽle d’agriculture biologique situĂ© , entre les boucles de la Seine. On y trouve, entre autres personnages joyeux et responsables, des maraĂźchers, un apiculteur, un traiteur et, Ă©galement, un brasseur.

Les BiĂšres des deux amants sont brassĂ©es et mises en bouteilles sur place, Ă  partir de malts bio, de houblons, de levures, de sucre bio et d’eau. Elles ne sont ni filtrĂ©es, ni pasteurisĂ©es. Et l’on a prĂ©fĂ©rĂ© y ajouter les dessins merveilleux de Priscille Depinay plutĂŽt que des additifs et des conservateurs. Brasserie artisanale, on vous dit. Bien sĂ»r, la Brasserie des Deux Amants valorise les circuits courts et vous encourage mĂȘme Ă  venir chercher vos biĂšres directement sur place, Ă  cheval, en Ă©chasses
 ou sur un monocycle.” Autrement on peut aussi vous livrer nous, votre serviteur, LE MURMURE DE LA CAVE 

LES DEUX AMANTS

Bruno Couchaud – celui qui brasse et pas que

DiplĂŽmĂ© d’un master en microbiologie, Bruno se passionne, d’abord en amateur, pour la biĂšre. En 2013, il quitte son laboratoire pour suivre une formation de brasseur chez Science Infuse, Ă  la Rochelle. Il participe ensuite successivement  aux crĂ©ations de la Brasserie du Bout du Monde dans le FinistĂšre (1 an) et de la Brasserie BapBap Ă  Paris (3 ans). En 2017, il crĂ©e la Brasserie des Deux Amants en Normandie.

Anne-Charlotte Bertrand – celle qui vend

AprĂšs des Ă©tudes littĂ©raires, Anne-Charlotte travaille pendant dix ans de sa passion en tant que metteur en scĂšne au thĂ©Ăątre. Elle co-dirige notamment la Compagnie O Clair de Plume et est artiste associĂ©e Ă  la Factorie – Maison de PoĂ©sie de Normandie. C’est en rencontrant Bruno qu’elle comprend que la biĂšre est un domaine autrement plus vaste que ce qu’elle imaginait
 AprĂšs de longues heures de dĂ©gustation et beaucoup de bouteilles dĂ©capsulĂ©es, elle devient officiellement la responsable commerciale de la Brasserie les Deux Amants.

 

 

LA LÉGENDE

«  La lĂ©gende est belle et triste, comme souvent les lĂ©gendes. Le hĂ©ros meurt, sa bien-aimĂ©e l’accompagne dans le trĂ©pas. Et le mĂ©chant pĂšre s’en mord les doigts


La Brasserie des Deux Amants tire son nom d’une lĂ©gende normande, vieille de mille ans, ou presque. En substance, la voici.

Dans la Normandie d’une Ă©poque rĂ©volue, Robert est une sorte de seigneur. Il a de l’argent, il a du pouvoir, il aime partir pour la guerre, chasser le sanglier avec son fusil mitrailleur, jouer au rami avec ses copains et faire des blagues de caserne. Quand il ne passe pas son dimanche aprĂšs-midi Ă  lustrer les jantes alu de sa collection de calĂšches, Robert rĂ©flĂ©chit Ă  des moyens de tracasser sa fille unique, Mathilde.

Dans la Normandie d’une Ă©poque rĂ©volue, Mathilde est donc la fille d’un seigneur. Comme trop souvent dans les lĂ©gendes, Mathilde est une hĂ©roĂŻne dĂ©pourvue de libre-arbitre. Son pĂšre sabote chez elle toute tentative d’épanouissement personnel. Si la lĂ©gende avait eu lieu au XXIe siĂšcle, Mathilde aurait sans doute fait de brillantes Ă©tudes de mĂ©diation culturelle Ă  Rouen et elle vivrait aujourd’hui dans un appartement trĂšs lumineux, avec Ă  son bras un Ă©poux de quinze ans son cadet, mannequin pour sous-vĂȘtements. Au lieu de ça, son pĂšre l’enferme chez elle, lui tire les cheveux au moins trois fois par semaine et l’empĂȘche de se marier. Comme trop souvent dans les lĂ©gendes, Mathilde consacre ainsi une bonne partie de son temps Ă  se languir.

C’est lĂ  qu’intervient Raoul. Raoul est un chic type. Raoul est un cƓur pur. Aussi, lorsqu’au cours d’une partie de chasse, Robert manque de se faire embrocher par un sanglier particuliĂšrement tenace, Raoul, qui, pour une raison encore inconnue Ă  ce jour, traĂźnait ses guĂȘtres dans le sous-bois, parvient Ă  lui sauver la vie. Robert le remercie d’une tape dans le dos, mais Raoul s’enhardit : il veut plus. Il avoue Ă  Robert qu’il est amoureux de Mathilde, depuis tout petit. Il sait que c’est rĂ©ciproque, Mathilde le lui a dit un jour, en cachette, dans l’impasse derriĂšre le bar-tabac. Ni une, ni deux, il demande ainsi au cruel Robert la main de sa princesse. Et Robert accepte.

Mais, toujours avide de divertissement, il impose une condition. Il explique Ă  Raoul qu’il pourra Ă©pouser sa fille s’il se rĂ©vĂšle capable de courir jusqu’au sommet d’un pic escarpĂ© en portant cette derniĂšre sur son dos. Aujourd’hui, avec l’érosion et les travaux de terrassement effectuĂ©s pour faire passer la dĂ©partementale, le pic escarpĂ© n’est plus trĂšs impressionnant, mais dans la Normandie d’une Ă©poque rĂ©volue, ça reprĂ©sentait quelque chose, pour sĂ»r. Qu’à cela ne tienne, Raoul accepte parce qu’il est amoureux.
La fin de la lĂ©gende aurait pu ĂȘtre spectaculaire, grandiose et prodigieuse. Et cela s’est jouĂ© Ă  peu de choses. On n’est vraiment pas passĂ© loin de l’explosion de joie, du feu d’artifice au sommet du pic escarpĂ©, du baiser devant le coucher de soleil sur la vallĂ©e brumeuse, de l’exploit rĂ©ussi et de l’amour triomphant. Parce que oui, Raoul a rĂ©ussi Ă  gravir la montagne en portant sur son dos sa bien-aimĂ©e bien qu’il soignĂąt, depuis quelques belles annĂ©es dĂ©jĂ , sa solitude Ă  coups de galettes normandes 100 % pur beurre. Seulement voilĂ , Ă  la seconde mĂȘme oĂč le dĂ©fi fut relevĂ©, Raoul succomba. Son cƓur le lĂącha sans crier gare et bien trop loin du premier dĂ©fibrillateur.

Etant seuls au sommet de ce relief assassin, nul ne put tĂ©moigner de leur fin tragique :  Raoul Ă©crasa-t’il Mathilde de tout son poids ?, se ratatina-t’elle au pied de la falaise ?, fut-elle piquĂ©e par un frelon asiatique auquel elle Ă©tait allergique ? Le fait est que Mathilde fut retrouvĂ©e morte auprĂšs de son tendre. Elle ne lui survĂ©cut pas plus d’une demi-minute.
Robert, fou de chagrin, se mordit les doigts jusqu’au sang et se promit de ne jamais recommencer. Il fit le serment que, si le sort lui accordait une autre fille, il la laisserait libre de son destin et tracerait pour elle la route d’un bonheur certain. HĂ©las, Robert Ă©tait veuf, dĂ©sagrĂ©able et avait une hygiĂšne bucco-dentaire dĂ©plorable. Il vĂ©cut donc seul jusqu’à sa mort.


Heureusement, il nous reste la biĂšre. »

Leave a Reply